La pair-aidance en santé mentale est la position d’une personne, souffrant ou ayant souffert de troubles psychiques, qui soutient le processus de rétablissement d’autres personnes souffrant de troubles équivalents. Cet accompagnement se déroule dans un cadre structuré, qu’il soit bénévole ou salarié. Le pair aidant doit s’estimer rétabli de son trouble psychique et parvenir à extraire de son expérience des savoirs et compétences utiles à l’aide à autrui. Des formations spécifiques peuvent aider à consolider ces compétences.
L’idée de faire appel à des personnes ayant expérimenté une maladie, en tant que thérapeute n’est pas nouvelle : dès le 18ème siècle, la correspondance entre Pinel et Pussin le montre. Les “recovery circles” américains, nés au 19e siècle, permettent de soutenir dans leur abstinence les personnes souffrant d’alcoolisme. A la fin des années 80, les mouvements d’usagers dans le contexte du sida, ont contribué à faire émerger les notions de démocratie sanitaire et de pair-aidance.
A la même période, la pair-aidance en santé mentale s’est développée aux États-Unis, lorsqu’un important réseau d’entraide mutuelle s’est organisé en marge des systèmes de soins. Ce réseau, autogéré par d’anciens usagers de la psychiatrie, réclamait la mise en place d’un système plus proche des besoins des usagers, pour sortir de la dépendance, de l’invalidité et de la chronicité associée au statut de patient. |
En France, de nombreux dispositifs existent dans le champ de la pair-aidance, sans pour autant générer une rémunération : les Groupes d’Entraide Mutuelle (G.E.M.), les « Clubhouse », les associations d’usagers de la psychiatrie, les maisons des usagers… Ces modalités correspondent à une forme de pair-aidance structurée et formalisée, mais demeurent, la plupart du temps, bénévole.
Cependant, en France, depuis 2009, on observe une volonté de professionnaliser la fonction de pair-aidant en santé mentale. En effet, différents programmes ont été mis à l’œuvre, parmi lesquels se trouvent : « Un chez-soi d’abord », « Les Médiateurs de santé Pairs ». Ce dernier programme vise à former, sur le plan universitaire, au niveau bac +3 (en collaboration avec l’université Paris 8), et à intégrer dans des équipes, des pairs aidants rémunérés comme les autres professionnels.
Ces expérimentations ont montré que les bénéfices sont nombreux. Ces démarches permettent une autre conception du soin, plus symétrique, plus centrée sur la personne et moins sur sa maladie. L’expertise des pairs aidants réduit l’écart entre les besoins définis par les soignants et ceux ressentis par l’usager. La vigilance est de mise, au moment de l’intégration des pairs-aidant à des équipes professionnelles, pour ne pas qu’ils soient confrontés à un manque de reconnaissance, voire à une forme d’exclusion. Tout l’enjeu est donc celui de l’intégration du savoir expérientiel au même niveau que d’autres savoirs.
Le CNIGEM est le collectif National Inter GEM. Vous y retrouverez toutes les informations des Groupes d'Entraide Mutuelle.
Site web CNIGEMQui peut devenir Médiateur.trice de Santé-Pair.e en santé mentale? En quoi le métier consiste t'il? Quelles sont les potentielles missions sur le terrain? Ce document tente d'apporter des réponses à ces questions ! Il est issu d'un processus collaboratif mené avec des Médiateurs et Médiatrices de santé pair
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